Expo "les 111" : 111 Kms, 111 Photos... premier projet soutenu par ALEA

Parce que rien n’est immuable, le projet se veut un arrêt sur images d’une éphémère  beauté, d’une nature en pleine mutation, de paysages qui, déjà, ne sont plus ce qu’ils étaient…
Entre la Pointe de Grave et le Cap Ferret, deux presqu’îles étendent leur territoire de sable entre l’Estuaire de la Gironde et le Bassin d’Arcachon.


Par cette configuration particulière en terme géographique, géologique et touristique, ces 111 kms symbolisent tous les enjeux des problèmes d’érosion sur le littoral Atlantique.

A l’échelle planétaire, ces 111 kms représentent 1° de latitude. De quoi relativiser face à l’immensité mais surtout, prendre conscience de la difficile préservation de tels territoire (aussi petits soient-ils à l’échelle mondiale) dans un contexte climatologique, géologique qui nous échappe parfois… Par ailleurs, l’urbanisme, le développement touristique et les activités de plus en plus nombreuses dans ces zones, ne sont pas sans impact pour la nature, les territoires et les végétaux, qui reculent face à l’avancée des eaux… Routes, habitations et campings sont venus au plus près de ces dunes qui semblaient ne jamais finir et sont aujourd’hui les pieds dans l’eau… Quant aux bunkers, témoignages de béton d’une Histoire passée, ils s’effacent un à un du paysage face à une Nature qui reprend ses droits.

« Les 111 » se propose de prendre de la hauteur, au travers de vues aériennes, sur le phénomène d’érosion qui touche tout le trait de côte Girondin. Vu d’en haut, il est plus aisé d’appréhender des similitudes, mais aussi des singularités. Il est par exemple difficile de croire que, du Nord au Sud, le sable n’est pas le même. Or, la géologie diffère d’une Pointe à l’autre : on y trouve notamment des sources ferrugineuses, de l’alios, parfois une forêt primaire qui réapparaît. Certains y trouvent même des paillettes d’or entre les tas de bois flottés charriés par l’eau salée…

11 villes de sable et d’eau seront immortalisées sur 111 photos (un cliché pour 1 kilomètre) dans une installation commune : « Le Littoral des 111 ». Cette vue en plongée, très linéaire, sera également soutenue par des prises de vues au sol. Cette fresque à plusieurs niveaux montrera toute la problématique décrite afin de la mettre en évidence.


Le film :
https://www.youtube.com/watch?v=pqYZsNfL6yQ&feature=youtu.be

Le texte de Christian Coulon :
LA GRANDE LEGENDE DE LA CÔTE GIRONDINE, VUE DU CIEL 

«  Toutes les formes ne sont faites que pour aller et venir »
 (Ovide, Les Métamorphoses)
Montaigne nous l’avait bien dit : La vie, la nôtre comme celle de la nature, est en perpétuel mouvement, et il note qu’en Médoc, « la mer pousse si fort » que la côte s’en trouve constamment modifiée.  Ainsi notre territoire n’est jamais fini. Ainsi, notre littoral est en constante fabrication, façonné qu’il est par les changements climatiques et par l’érosion, mais aussi par les aménagements que les hommes ont voulu, avec plus ou moins de bonheur, y installer. Notre territoire côtier est en somme la résultante instable de cette éternelle rivalité entre la force des eaux et la prétention des êtres humains à maîtriser celle-ci. 
En parcourant à pied nos côtes atlantiques, on rencontre bien des témoignages de cette opposition, de cette lutte séculaire. Mais c’est vu du ciel que l’on perçoit le mieux l’ampleur de ces métamorphoses,  leur dimension épique et fantastique. Alors, on réalise pleinement l’extrême fluidité de notre monde. En prenant de la hauteur, comme nous y invite Delphine Trentacosta, on est mieux à même de saisir  la grande aventure de notre côte girondine qui n’est en définitive qu’une illustration localement située de la mobilité de notre vaste monde.
De la Pointe de Grave au Cap Ferret, suivons donc notre artiste photographe dans son parcours initiatique. Les fils tissés par ses clichés dessinent une carte, aussi bien matérielle que mentale, de notre microcosme côtier girondin et de sa permanente gestation. Ses photos  déroulent une fresque  qui se déploie en séquences et constitue notre légende, la légende de notre humanité aux prises avec le défi des éléments. Une difficile cohabitation, un chantier ininterrompu, comme nos destinées, car « le monde n’est qu’un branloire pérenne », conclut Montaigne. Nos traits de côte sont une fascinante allégorie de ces forces mouvantes qui recomposent sans cesse les êtres et les choses. 
Christian Coulon, écrivain médoquin
16 juin2014

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